Rebond de la demande chinoise en poudres de lait infantile

Sur 2022, la demande en poudres infantiles est ressortie très forte sur le premier trimestre (+40% /2021) mais les importations ont fortement ralenti au deuxième et troisième trimestre (-10% /2021 en cumul sur septembre). Elles semblent s’accélérer sur la fin de l’année car elles augmentent de +5,5% sur la période janv-nov 2022 /2021.

Cette hausse n’est pas homogène entre les différents exportateurs car cela profite majoritairement aux Pays Bas et à la France.  

En effet, les exportations néerlandaises sont particulièrement conséquentes sur le dernier trimestre 2022. Sur le mois d’octobre, les volumes exportés vers la Chine ont quasiment doublé par rapport au même mois en 2021. Il ne s’agit pas d’un rattrapage car les volumes sur les autres mois de l’année étaient similaires à 2021. Les Néerlandais ont compensé de moindres exports vers la Russie et Hong Kong et surtout augmenté de près de +30% leurs exportations tous pays confondus.

Hausse de la production de lait attendue sur 2022

Les coûts de production en Chine sont supérieurs aux années précédentes notamment en alimentation du bétail. Par ailleurs, les prix du lait ont chuté par rapport à 2021. En effet, la consommation intérieure est en repli en raison de la politique zéro-Covid (très faible fréquentation des restaurants et confinements). Les prix affichent néanmoins une grande stabilité depuis plusieurs mois et demeurent nettement supérieurs aux deux années précédentes.


Dans ce contexte, les marges des éleveurs laitiers sont réduites. Pourtant, la production de lait chinoise devrait ressortir en hausse en 2022. Selon les prévisions de l’USDA, elle atteindrait 39,2 Mt soit +6 % /2021.
Cette augmentation est notamment permise par une très forte politique de soutien du gouvernement chinois mise en œuvre à l’échelle des Provinces. Cela se traduit par des aides directes aux éleveurs ou aux entreprises de transformation pour aider à l’investissement.

Les importations chinoises de beurre reprennent

La consommation de beurre en Chine augmente fortement chaque année, ce qui se traduit par des importations toujours plus fortes. En 2021, l’empire du Milieu a importé près de 130 000 tonnes de beurre, soit environ un tiers des fabrications françaises.

Au premier semestre 2022, les importations de beurre avaient reculé par rapport à 2021 (-7,5% sur janv-juin), suivant la même tendance que les autres produits laitiers. Toutefois, la baisse des prix du beurre en Nouvelle-Zélande en juillet a permis aux échanges de s’intensifier. L’écart de volumes par rapport à 2021 s’est atténué sur les mois d’été et ressort positif au mois de septembre (+1% sur les 9 mois /2021). Les importations depuis la Nouvelle-Zélande sont en hausse de +9% au détriment de plusieurs pays européens et de l’Australie.

Quelle est la situation du secteur laitier chinois ?

La production de lait demeure dynamique cette année mais pourrait, elle aussi, être impactée par une météo estivale très chaude et des marges des éleveurs dégradées.

Les regards sont tournés vers les importations chinoises qui sont en net repli cette année 2022. Quelles sont les perspectives de demande ?

Production laitière toujours croissante

La production de lait en Chine est très dynamique selon les statistiques nationales. En hausse de +9% l’an passé, elle afficherait une croissance de +5% /2021 sur la période janvier-juillet 2022 selon BOABC. Les statistiques nationales seraient plus optimistes avec une hausse de +8,4% sur le premier semestre selon NBS. Cette croissance serait due à un cheptel plus important et de meilleurs rendements.

Toutefois, les conditions climatiques de l’été ont également été particulièrement chaudes et sèches, ce qui peut avoir touché la production de lait comme de fourrages.

Les prix du lait en Chine enregistrent une baisse depuis le début de l’année civile qui peut s’expliquer par la hausse de la production locale et par une demande intérieure plus faible due au covid-19 et notamment aux confinements dans les grandes villes.

Toutefois, sur la fin du mois d’août dernier, les prix du lait ont légèrement augmenté, d’1 cent de RMB/kg de lait. Si ce changement de tendance doit être consolidé dans les semaines à venir, cette augmentation pourrait être juste saisonnière ou signifier soit une reprise de la demande intérieure et serait donc une incitation à la production, soit un indicateur de baisse des volumes de lait. Quoi qu’il en soit, si la hausse des prix est durable, elle sera la bienvenue pour les éleveurs qui souffrent en Chine également de couts de production élevés, notamment coût d’alimentation (tourteau de soja).

Si la hausse du prix se poursuivait et sous réserve d’une météo favorable, la production laitière pourrait donc poursuivre sa croissance dans l’empire du Milieu. Rabobank l’estime à +5% au second semestre 2022 si les marges des éleveurs ne sont pas écrasées davantage.

Fabrications de produits laitiers – Source : CLAL

Malgré l’accroissement des volumes de lait, les fabrications de produits laitiers n’auraient progressé que de +1% sur le premier semestre 2022 /2021. En effet, les mois de mars et avril sont ressortis en retrait par rapport à l’an dernier. Cela serait dû à des difficultés logistiques et de main d’œuvre à la suite des confinements stricts imposés face au covid-19 et. Le recul de la production en juillet et août pourrait découler de la météo estivale défavorables et des marges dégradées.

Importations en net retrait

Les importations d’ingrédients laitiers sont inférieures à l’an passé. La hausse de la collecte intérieure, les difficultés logistiques mondiales et les moindres disponibilités chez les exportateurs conduisent à un repli des importations de lait liquides, de -26% /2021 de janvier à juillet, principalement en provenance d’Allemagne et de Nouvelle-Zélande. Les importations de matières grasses, crème (-9,5%) et de beurre (-2%), résistent mieux. Seules les importations de lait infantiles se rétablissent et dépassent légèrement (+3% sur janvier août leur niveau de 2021.

Les exportateurs de poudres maigres et grasses ne sont pas touchés de la même manière. En poudres grasses, la Nouvelle-Zélande qui fournit 90% des importations chinoises, a réduit de 111 000 t, soit -18%, ses livraisons à 510 000 t sur la période janvier-aout. Au vu de l’importance du volume en moins qui s’ajoute à des baisses de demande notamment du Sri Lanka, la Nouvelle-Zélande n’a pas pu substituer ces tonnages et les exportations sont en baisse de -18% sur la même période. La moindre demande a entrainé une chute des prix des poudres grasses en Nouvelle-Zélande, au point de devenir mois chères que la poudre maigre.

Sur la poudre maigre, les parts de marché sont mieux réparties mais la Nouvelle-Zélande fournit tout de même 40% des importations chinoises. Malgré le recul des ventes Chine, la Nouvelle-Zélande a su trouver de nouveaux marchés en Asie du Sud Est où ses exports sont en hausse de +4% sur janvier-août /2021. Pour les États-Unis, la Chine représente seulement 6% de leurs envois, ce qui est modeste et influe peu. En revanche, la compétition entre la Nouvelle-Zélande et les États-Unis a des répercussions sur les prix, qui ont d’ailleurs baissé dans ces deux bassins. Enfin en Europe, la moindre demande de la Chine s’accompagne d’une moindre offre, ce qui a un impact relativement modéré sur les prix.

Pourquoi la Chine importe-elle moins ?

Si la baisse de la demande chinoise est relativement importante d’une année sur l’autre, cela tient aux importations exceptionnellement élevées en 2021. Les volumes importés en 2022 sont assez proches de ceux de 2020.

En 2021, Les importations supplémentaires avaient surtout étoffé les stocks comme le montre le graphique ci-dessous. La moindre présence aux achats cette année permet donc de déstocker. Au vu des prix élevés de la poudre maigre et des stocks encore relativement élevés, les acheteurs chinois peuvent encore patienter. 

Pour autant, toujours selon les chiffres de BOABC, la consommation domestique semble marquer le pas ces derniers mois. La demande chute sous la courbe de tendance en mars au moment du confinements de grandes villes comme durant la première période de confinement au début 2020. Une partie de la poudre maigre est utilisée dans les restaurants, qui peinent à retrouver leur clientèle même quand les confinements sont levés dans les villes.

Dans ce contexte, il parait encore trop optimiste d’envisager un rebond des importations de poudres de lait d’ici la fin d’année 2022.

Pas de rebond visible des importations de poudres

Les importations chinoises de poudres de lait sont toujours ralenties. Au mois de juillet 2022, les volumes de poudres de lait écrémé et entier ont été presque divisé par deux par rapport au mois de juillet 2021, qui étaient élevés par rapport aux années précédentes.

En cumul depuis le début de l’année 2022, les importations de poudre maigre se replient de -28 % et celles de poudres grasses de -11,4% par rapport aux sept premiers mois de 2021. Les origines océaniennes sont davantage pénalisées en poudres grasses (-13% en provenance de Nouvelle-Zélande et -15% en provenance d’Australie) tandis que celles sud-américaines augmentent (+39% pour l’Uruguay et x3,6 depuis l’Argentine).

Poursuite de la baisse des imports chinois de produits laitiers en mai

Sans surprise au vu des difficultés logistiques au niveau des ports chinois, les importations continuent de se replier. Seules les importations de fromages et de poudres de lait infantile parviennent au mois de mai à rebondir par rapport à 2021. Cela pourrait s’expliquer par le fait qu’une partie pourrait avoir transité par voie aérienne.

Les importations de poudre de lait entier ont chuté au mois de mai de -35% /2021. Toutefois, en cumul sur les cinq mois de l’année, les volumes sont similaires à l’an passé. En effet, les échanges ont été particulièrement conséquents en ce début d’année 2022 comparé à 2021 tandis que l’an passé à cette période, la demande avait été plus forte que les années précédentes.

Marchés laitiers : Logistique perturbée et demande chinoise en baisse

Les importations chinoises du mois de mars ont été publiées et celles-ci, sans surprise, ressortent en baisse. Cette tendance s’observait déjà sur les deux premiers mois de l’année, sauf pour la poudre grasse mais la politique zéro-covid a fortement perturbé la logistique maritime.

En effet, le port de Shanghai tourne au ralenti. Le personnel sur place est confiné sur le lieu de travail afin de maintenir l’ouverture du port. Toutefois, les rotations des camions sont difficiles au vu de restrictions de confinement imposées aux chauffeurs. Dans ce contexte, le port est congestionné et près de 700 bateaux seraient en attente au large, soit plus du double de l’an dernier pourtant déjà un pic selon VesselsValue.

Ensemble des cargos positionnés devant le port de Shanghai

Source : Marine Traffic – Ensemble des cargos positionnés devant le port de Shanghai

Dans ce contexte, les containers sont immobilisés et donc non disponibles pour d’autres trajets. Le nombre de containers frigo est plus restreint et donc plus sensible encore. De plus, quand un bateau part vers la Chine, le temps de déchargement est inconnu. Outre les frais de fonctionnement importants et le coût énergétique de maintien de la température, certains produits laitiers ont des délais de consommation courts (certains fromages par exemple). Les exportateurs vont certainement se montrer prudents dans les mois à venir et réduire les envois au profit des poudres.

Tous les exportateurs ne sont pas égaux face à cette situation. En effet, les exportateurs européens pourront toujours satisfaire en premier le marché intérieur où la demande reste forte et les stocks quasi-inexistants dans un contexte de baisse de la collecte. En revanche, les exportateurs néo-zélandais ne pourront se tourner vers leur marché intérieur et leur dépendance vis-à-vis du marché chinois est particulièrement conséquente.

Par ailleurs, le confinement de certaines grandes villes chinoises réduit les opportunités de consommation de produits laitiers. Cette demande est donc détruite et cela pourrait finir par peser alors que les confinements n’en finissent pas.

Les importations de laits liquides ont baissé de -15% /2021 sur janv-mars 2022. Les envois de l’Allemagne et de l’Australie se maintiennent mais ceux de la Nouvelle-Zélande ont chuté de -23%.

Les importations de fromages ont chuté de -20% sur les trois premiers mois de l’année (-30% en provenance de Nouvelle-Zélande). Les disponibilités néo-zélandaises sont certes moins fortes que l’an passé en raison d’une baisse de la collecte, mais celles-ci sont également perturbées par une moindre main d’œuvre (hausse des infections au Covid-19 sur cette période).

Dans ce contexte, seules les importations de poudres de lait entier semblent se démarquer avec 359 000 t en cumul contre 326 000 t l’an passé. Toutefois dans le détail, la hausse a été faite en janv-fev 22/21 (+24%) tandis que celles en mars (-31%) sont tout autant touchées que les autres. La demande se maintient pour le moment car la consommation de poudres grasses est importante en Chine pour les industries notamment du secteur de la boulangerie-pâtisserie (qui risque, toutefois, d’être impacté par les confinements) mais aussi en raison d’un prix relatif de La poudre de lait entier en Nouvelle-Zélande moins cher que celui de la poudre maigre combinée à la matière grasse (crème/beurre).

Demande chinoise hétérogène pour le début d’année 2022

Les mois de janvier et février sont, en général, d’importants mois pour les importations chinoises de produits laitiers car les droits de douanes en provenance notamment de la Nouvelle-Zélande sont nuls dans la limite de 188 094 t de poudres (code 0402).

Toutefois, seules les importations de poudres grasses sont en hausse en ce début d’année 2022 notamment en provenance de Nouvelle-Zélande (+22 % vs janv-fev21 à 284 000 t). De fortes progressions de volumes sont aussi enregistrés pour l’Uruguay, la Biélorussie, la France et l’Irlande au détriment de l’Australie et des Pays-Bas.

Les autres produits laitiers ne sont plus soumis à des contingents tarifaires, ce qui peut expliquer la moindre bataille pour exporter ces produits.

Dans le même temps, le Covid-19 repart en Chine et pousse les autorités à renforcer les mesures douanières sur les importations alimentaires (désinfection obligatoire depuis le 1er janvier 2022). Les dépistages augmentent les délais de déchargement, ce qui peut être problématique sur des produits frais. Certaines villes sont confinées ce qui se répercutera sur la demande. Celles-ci pourraient décider de suspendre les importations de produits alimentaires étrangers pour éviter des contaminations au Covid-19.

Baisse des prix du lait en Chine

Ces dernières années, la forte hausse des prix du lait a poussé de nombreux transformateurs à investir dans l’amont. Des génisses ont d’ailleurs été importées pour augmenter la taille des cheptels et les rendements par vache. Dans ce contexte, la production de lait en Chine a augmenté ces dernières années. En 2021, la production est estimée à 34,6 Mt contre 34,4 Mt en 2020. Cette croissance pourrait encore être présente en 2022. Toutefois, la hausse des matières premières combinée à la baisse des prix du lait pourrait changer la donne. En effet, le prix moyen du lait dans les 10 principales provinces s’affiche à 4,25 RMB/kg soit une baisse de -3% par rapport au maximum en août dernier.

La Chine a-t-elle accru ses stocks de produits laitiers en 2021 ?

La tendance des prix des ingrédients laitiers est fortement corrélée aux achats chinois depuis plusieurs années maintenant. La Chine absorbe le quart des échanges internationaux avec 22 millions de tonnes équivalent lait (TEL) sur les 88 M de TEL estimées par la FAO.

En 2021, les achats chinois ont encore progressé et réduit de presque autant l’offre mondiale pour d’autres pays importateurs dans un contexte de contraction de la ressource laitière chez les exportateurs en cette fin d’année.

Les opérateurs de la filière se demandent quelle en est la pérennité pour l’année à venir. L’ombre de 2014 plane. A l’époque, l’optimisme régnait au vu de la croissance rapide des besoins de l’empire du Milieu. La brusque pause des achats chinois et l’embargo russe combinés au dynamisme de la production laitière lors de la suppression des quotas laitiers en Europe en 2015, avait entrainé un fort déséquilibre entre l’offre et la demande mondiale et fait chuter les prix. Qu’en sera-t-il cette année ?

Forte hausse des importations de la Chine en 2021

La demande chinoise de produits laitiers a été particulièrement conséquente en 2021 malgré les difficultés logistiques à l’échelle mondiale. Les importations de matière grasse ont augmenté de près de +41% en crème et +13% en beurre. Les importations de poudre sont en hausse de +27% en poudre maigre et +32% en poudres grasses. Seule la demande en poudre de lait infantile a reculé de -22% sur 2021 /2020.

La Chine a ainsi asséché le marché mondial limitant les disponibilités pour les autres pays importateurs et a donc contribué à la hausse des prix mondiaux.

Au vu des difficultés logistiques à l’échelle mondiale, la Nouvelle-Zélande a su tirer parti de cette demande supplémentaire en passant des accords avec les transporteurs de containers internationaux. Ainsi, la dépendance de la Nouvelle-Zélande s’est, de fait, renforcée vis-à-vis du marché chinois qui a capté près de 51% des exportations totales de poudre de lait entier sur les onze premiers mois de 2021, contre 47% en 2020. De même en beurre, la part de marché de la Chine dans les exportations totales NZ est passée de 20% à 25% d’une année sur l’autre.

La demande en matière grasse explose

La consommation de beurre augmente en Chine notamment grâce au succès grandissant de la boulangerie et de la pâtisserie dans les grands centres urbains. La restauration hors domicile est également un poste de consommation.

La Nouvelle-Zélande, le premier exportateur de beurre mondial, et a fortement augmenté ses livraisons de beurre (+9% sur janv-nov 21 /2020) et de crème (+26%) vers la Chine tandis que ses exportations totales de beurre baissent. L’interdépendance des deux pays est importante car le beurre néo-zélandais représente 78 % des importations chinoises, et la crème made in New-Zeland environ la moitié des volumes.

La baisse de la collecte néo-zélandaise en deuxième partie de campagne 2021-2022, qui se termine en mai, se traduira nécessairement par une moindre fabrication de beurre. Il sera donc intéressant de voir si la Chine maintient son niveau d’achat en 2022 à des prix bien supérieurs. Si tel était le cas, cela priverait le marché mondial et notamment l’Australie, les Philippines, l’Arabie Saoudite ou encore la Russie pour ne citer que les plus gros importateurs de beurre NZ, conduisant nécessairement à des réajustements ou poursuite de la hausse des prix.

L’Union européenne est le deuxième fournisseur en beurre de la Chine, avec en tête la France, les Pays-Bas et l’Allemagne. La progression de l’Irlande est importante car les volumes sont passés sur 11 mois de 600 t en 2020 à 1 940 t en 2021, ce volume devient supérieur à ceux de l’Allemagne.

Dans ce contexte de tension de l’offre à l’échelle mondiale, la forte demande du marché international permet de maintenir les prix sur des niveaux élevés. Les exports mensuels européens de beurre sont globalement stables, compris entre 15 et 20 000 t, sauf quelques exceptions durant le pic laitier. Toutefois, la saisonnalité est bien plus forte sur les exportations vers la Chine, qui comme le montre le graphique sont principalement faite au moment du pic laitier.

Les importations de poudres de lait ne sont pas en reste

Les importations de poudres grasses ont bondi de +32% sur la période de 2021/2020. Elles proviennent à près de 90 % de Nouvelle-Zélande et là aussi servent au secteur de la boulangerie/pâtisserie. Elles peuvent aussi être ajoutées à des boissons « santé » ou permettre d’augmenter la consommation de protéines animales.

Sur la poudre maigre, l’Océanie reste prédominante (près de 35 % de part de marché pour la Nouvelle-Zélande et 13 % pour l’Australie), suivie par l’UE-27 (environ 28%) et les Etats-Unis (près de 10%).

En effet, alors que les disponibilités aux Etats-Unis ne manquaient pas cette année, les volumes exportés vers la Chine ont doublé à plus de 44 000 t.

Dans l’UE, la saisonnalité du pic laitier reste visible dans les exportations surtout ceux de la France et l’Allemagne. Cette année, les volumes irlandais ont été légèrement décalés aux mois d’été.

Hausse des importations de fromages : effet de mode ou tendance long terme ?

Les importations de fromages ont augmenté de +36% en 2021/2020. Selon l’USDA, la consommation de fromages est de l’ordre de 0,2 kg/an/hab. soit très loin des standards européens de 18 kg/an/hab. Dans les régions laitières, certains habitants sont habitués à consommer du fromage fabriqué localement. La hausse de la consommation à l’échelle du pays se fait néanmoins sur de nouveaux modes de consommation. La Chine voit, elle aussi, la pizza gagner du terrain et augmente donc ses besoins en fromage type mozzarella. Les enfants sont aussi une nouvelle cible via des encas rapides à manger et souvent sucrés. Les fromages fondus sont ainsi privilégiés. Les fromages type parmesan (2100 t en 2021 en provenance d’Europe), gouda (4 300t) voire camembert (78 t) ou brie (105 tonnes UE) sont marginaux et approvisionnent le catering et quelques chaînes de la grande distribution, principalement à Shanghai.

Là aussi, la Nouvelle-Zélande reste prédominante mais l’UE-27 et les Etats-Unis sont également présents.

L’UE-27 a accru ses exportations de fromages, qui sont passées sur onze mois de 24 700 t en 2020 à 36 000 t en 2021. Cependant, cette progression n’a pas compensé le retrait du Royaume Uni, de -55 000 t sur la même période. Les exportations vers la Chine sont principalement des fromages frais dont de la mozzarella mais regroupent également des fromages à fondre ou râpé ainsi que des fromages à pâtes molles, demi-dures ou dures mais dans des quantités inférieures.

Les importations de fromages frais, dont la mozzarella, représentent en moyenne 66% des fromages états-uniens exportés vers la Chine. Les volumes de mozzarella sont en forte progression mais se réduisent durant le pic laitier malgré des fabrications assez stables autour de 170 000 tonnes mensuelles (cf graphique)

Mais les poudres infantiles sont délaissées

A l’inverse, les importations de poudre de lait infantile ont chuté preuve d’inflexion du comportement des parents chinois (-22% en 2021/2020). Certains se tournent vers des produits hauts de gamme et plus chers, comme des poudres issues de l’agriculture biologique, ou issues de lait d’autres animaux comme le lait de chèvre. D’autres privilégient désormais les laits infantiles fabriqués en Chine, d’autant que les fabricants nationaux ont d’avantage investi dans ces produits afin de compléter la gamme disponible. De plus, la règlementation chinoise a réduit le nombre de produits vendus pour une même marque et a imposé de nouvelles règles rendant plus long l’homologation des formules.

Dans ce contexte, les exportations européennes de poudre de lait infantile ont chuté de -24% /2020 vers la Chine.

Cette hausse est-elle liée à une augmentation de consommation ?

La question de la part consommée et de celle stockée est quasiment impossible à évaluer. Il est vrai que les tendances de consommation dans le pays demeurent globalement en hausse surtout en matière grasse liée à des changements de consommation. Le Covid-19 n’a pas dû changer fondamentalement la tendance, voire il a encouragé la consommation de produits laitiers. En effet, certaines publicités annoncent que ces produits permettent de mieux résister au Covid-19.

Par ailleurs, les problèmes logistiques provoqués par la crise sanitaire ont accru les délais de déchargement entrainant ainsi des concentrations de produits laitiers dans les ports ou en stockage flottant sur les bateaux. Cette incertitude quant à la livraison de la marchandise a pu provoquer des achats supplémentaires de précaution.

Dans ce contexte, il est probable que des stocks aient été faits. Au vu des prix mondiaux actuels, la Chine pourrait donc être moins présente durant l’année 2022 dans une certaine mesure.

Les chiffres d’importations au mois de décembre sont d’ailleurs décevants en volumes, ce qui pourrait n’être qu’un décalage vers le mois de janvier, ce qui sera à vérifier dans un mois. En effet, les contingents tarifaires à droits nuls de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie en début d’année, peuvent pousser certains acheteurs à attendre et ce d’autant plus que les prix sont élevés.

Quelle conjoncture pour 2022 ?

De nombreux opérateurs s’interrogent quant à un remake de 2014, année durant laquelle la demande chinoise et russe s’était brutalement repliée précipitant la chute des cours mondiaux des produits laitiers.

La première différence réside dans l’absence de dynamique laitière dans les principaux bassins excédentaires, en premier lieu dans l’UE. En 2015, la fin des quotas laitiers avait entrainé un fort rebond de la collecte européenne. Les voyants ne semblent pas au rendez-vous cette année pour que le scénario se reproduise. Outre la baisse de collecte plutôt structurelle chez les principaux pays producteurs européens, la conjoncture en termes de coûts de production n’incite pas à augmenter la collecte. Une baisse à court terme des prix de l’énergie et des intrants parait aujourd’hui peu probable.

Par ailleurs, la demande de l’Asie du Sud n’est pas non plus la même qu’en 2014. Celle-ci croît plus durablement avec moins d’à coup qu’en Chine et pourrait facilement s’intensifier dans les mois à venir si les cours mondiaux devenaient moins élevés.

Les marchés mondiaux des produits laitiers devraient demeurer fermes dans les prochains mois même en cas de moindres achats de la Chine, ce qui reste à confirmer. La principale force ou pouvoir de la Chine restant son imprévisibilité.

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