Rebond des importations chinoises mensuelles de poudre maigre de +19% sur janvier-avril 2023/2022

Les importations chinoises de poudre maigre enregistrent un fort rebond de +19% sur les quatre premiers mois 2023. Cela bénéficie aux principaux pays exportateurs : +18% en provenance de Nouvelle-Zélande (72 000 t), +11% d’Australie (29 000 t), +29% des États-Unis (11 000 t). Les envois depuis l’UE-27 s’accélèrent également : +110% depuis l’Irlande (5 000 t) et +96% en provenance de France (6 000 t) notamment. 

Ce rebond est permis par une reprise de la demande tandis que les fabrications nationales de poudre maigre sont très faibles. A l’inverse, les fabrications nationales de poudres grasses sont toujours dynamiques limitant le besoin et donc le recours aux importations (-58% sur janv-avril /2022).

Les importations de lactosérum sont en hausse de +43% à 223 000 t : +44% en provenance des États-Unis à 108 000 t, +23% des Pays-Bas à 17 000 t, +3% en provenance de France à 15 000 t, et x6,5 en provenance de Pologne à 22 200 t.

Le choix du maïs brésilien

La Chine a de nouveau annulé un contrat d’importation pour du maïs d’origine étasunienne. Elle réarbitre son approvisionnement au profit du Brésil, plus compétitif. Ce changement pèse sur les cours américains alors que les prix nationaux du maïs chinois continuent leur baisse. Depuis janvier, les prix nationaux ont accusé une baisse de 5%.

Géopolitique des matières premières : le réchauffement des relations entre la Chine et l’Australie

Depuis la demande d’une enquête indépendante sur l’apparition du Covid-19 en Chine demandé par le premier ministre australien, les relations diplomatiques entre la Chine et l’Australie étaient très tendues. Aujourd’hui ces relations semblent se réchauffer et les céréales qui étaient les victimes collatérales des tensions diplomatiques entre les deux pays redeviendraient une monnaie d’échange.

Sanctions et droits de douane

À la suite de l’enquête indépendante demandée par l’Australie en mai 2020, la Chine, premier importateur d’orge australien (2Mt en 2019 passées à 0t en 2021), avait augmenté ses droits de douane de 80%. D’autres produits d’import ont subi ces augmentations : le blé, la viande bovine, le vin, le charbon. En Australie, des sanctions sur les technologies ont aussi été mises en place comme l’arrêt des investissements chinois pour le déploiement de la 5G.

Ces sanctions pénalisent fortement l’export australien, la Chine étant le premier partenaire commercial de l’Australie depuis 2007 avec presque un tiers des exportations totales australiennes à destination de la Chine. Ces dernières années, l’Australie est devenue un acteur incontournable du marché des grains avec une production et une capacité d’export en hausse. L’Australie produit aujourd’hui 10% de l’orge mondiale et 5% du blé mondial. Avant le conflit, 54% des orges importées par la Chine venait d’Australie et 10% de France.

Réchauffement en cours

Après un changement de gouvernement en Australie, une rencontre a eu lieu entre le nouveau Premier ministre australien et le président chinois. Le réchauffement entamé a déjà permis de nouvelles exportations de charbon vers la Chine et une accélération des exportations de blé qui ont été multipliées par 2 au premier trimestre 2023 par rapport à 2022.
L’annonce d’un accord sur l’orge est en attente, la Chine a trois mois pour réexaminer les droits de douane appliqués à l’orge. S’il advenait dans les prochaines semaines, cette annonce diplomatique rebousculerai les équilibres mondiaux nouvellement établis.

Conséquence sur les prix

Avec l’arrêt des échanges, l’Australie avait trouvé de nouveaux marchés au Moyen-Orient alors que la Chine s’approvisionnait en Europe avec de l’orge d’Ukraine et de France. Les exportations françaises d’orge et les prix nationaux en ont largement profité. La perte probable du marché chinois a entrainé le mouvement inverse. Depuis fin mars, l’orge française majoritairement exporté vers la Chine voit son prix et ses volumes envoyés à la baisse.
Cette réouverture de marché est conforme à la volonté de diversification des origines d’importations chinoises et de diminution de la dépendance étatsunienne. Pour autant, la recherche est toujours à l’autosuffisance et à l’utilisation de matière national dans le cadre de l’alimentation animale. Les niveaux d’import ne retrouveront peut-être pas la base des années précédant les tensions.

Recrudescence des cas de fièvre porcine africaine en début d’année

D’après Pan Chenjun, analyste à la Rabobank, les régions du nord de la Chine ont subi une recrudescence forte des cas de FPA au cours des mois de janvier et février. Près de 10% du cheptel national de truie serait touché. Cette situation inquiète les éleveurs qui ne tardent pas à envoyer leurs porcs à l’abattage. Les prix restent ainsi relativement faibles pour l’instant mais une contraction de l’offre est attendue dans les prochains mois, et donc une reprise des prix du porc.

La mode des OGM

La production de colza et de soja OGM est encouragée par les autorités. La recherche se penche aussi sur la mise en place de formules moins consommatrices de tourteau de soja pour l’alimentation animale, toujours dans le but de limiter la dépendance aux importations. Du côté des céréales, la Chine pourrait planter 267 kha de maïs OGM dans le cadre d’un essai à grande échelle. La commercialisation d’OGM n’était pas jusqu’alors approuvée par les autorités bien que la recherche étudiait ces cultures céréalière OGM depuis plusieurs année.

Production porcine : quel avenir suite à cette année 2022 compliquée ?

En 2022, les importations chinoises de viandes et coproduits du porc sont retombées à 2,9 millions de tonnes, en baisse de plus de 34% par rapport à 2021. Bien qu’attendu, ce recul de la demande confirme la volonté pour la Chine de s’affranchir de la dépendance qu’elle entretient avec les grands exportateurs mondiaux sur le secteur agricole. Et malgré une année 2022 compliquée, l’avenir du secteur porcin restera fixé sur l’objectif de la souveraineté alimentaire du pays prôné par le gouvernement de Xi Jinping.

Une année 2022 plutôt mitigée

Le bilan de l’année 2022 est plutôt mitigé pour le secteur porcin chinois. La production de porc a bel et bien progressé (+4.6% en 2022/21), atteignant 55,41 millions de tonnes équivalent carcasse. Le nombre de porcs abattus s’élève alors à près de 700 millions de têtes d’après les données officielles (+4,3%). Cependant, l’année a été marquée par d’importantes fluctuations en termes d’offre, de demande, et donc de prix. Cette forte volatilité a été préjudiciable pour bon nombre d’éleveurs et d’entreprises.

Le premier semestre a été caractérisé par une hausse importante des abattages, sous l’effet de mauvaises conditions sanitaires en élevage durant l’hiver 2021/22. Les prix ont ainsi chuté en flèche à cette période (-44% au 1er semestre 2022/21). Cette mauvaise conjoncture porcine s’est aussi retrouvée liée à la flambée mondiale des prix des matières premières végétales, et donc des coûts de production. Les résultats économiques ont plongé dans le négatif pour de nombreux éleveurs chinois, entrainant une contraction des cheptels sur cette première partie d’année. Afin de réguler le marché, le gouvernement a mis en place une procédure de mise en réserve nationale quasi-automatique des volumes de porcs. Ces stocks ont pu ensuite être mobilisés au cours du second semestre lorsque la baisse de l’offre en porc s’est fait ressentir, permettant aux prix à la production de grimper de 53% au 2nd semestre de l’année par rapport à 2021.

Côté consommation, la demande a été mise à mal par l’inflation mais aussi par l’épidémie de Covid-19 et les diverses mesures gouvernementales visant à endiguer la propagation du virus. La traditionnelle saison du Nouvel An chinois propice à la consommation de porc a même été plutôt décevante pour les exportateurs mondiaux et les professionnels du secteur.

Un mouvement de restructuration qui se poursuit et des perspectives de croissance en 2023

Malgré cette année assez compliquée pour le secteur porcin en Chine, la filière continue de se développer. Depuis l’épidémie de FPA, l’élevage porcin a subi un grand mouvement de restructuration et de professionnalisation. En 2023, les analystes chinois estiment que les 20 plus grandes entreprises chinoises représenteront plus de 30% des abattages nationaux, et que la plupart afficheront d’importantes hausses d’activité (+25% en moyenne en 2023/22). Parmi ces groupes, Muyan Foodstuff, Wen’s, New Hope ou encore Zhengbang se placent au top du classement.

Du côté de l’élevage, si le cheptel truie s’est réduit durant une grande partie de l’année, les éleveurs ont tenté de consolidé leur troupeau en fin d’année. En décembre, le recensement officiel dénombre 43,9 millions de truies, soit une hausse de 1,4% par rapport à 2021.

Les analystes de l’USDA envisagent une stabilisation de la production et de la consommation en 2023, mais ces prévisions semblent trop prudentes. La restructuration du secteur porcin se poursuivra sans aucun doute en 2023, tout comme le développement de la production nationale, stimulés par un rebond de la consommation. Les perspectives de croissance économique pour la Chine en 2023 laissent en effet entrevoir une reprise des activités dans de nombreux secteurs, et en particulier dans celui de la restauration. Ceci devrait stimuler la demande en viande de porc. Par ailleurs, les stocks nationaux de matières premières sont actuellement au plus haut, ce qui devrait permettre un meilleur contrôle des prix et des coûts de production.

2023 : la stabilisation des approvisionnements et du marché du porc est un enjeu prioritaire

L’année 2022 aura été marquée de nombreuses mesures gouvernementales appliquées pour contrôler l’inflation dans le pays. Parmi celles-ci, l’utilisation d’une réserve stratégique de viande de porc a été plusieurs fois mobilisée dès le franchissement d’un seuil d’alerte basé sur le prix du porc et des céréales. L’année 2023 a d’ailleurs débuté sur la mise en réserve de produits porcs congelés dès le 17 février, en lien avec une chute inarrêtable des prix et une demande peu dynamique des consommateurs en début d’année. La stabilisation des prix et des approvisionnements demeure un enjeu majeur pour le marché du porc.

Ainsi, dans la poursuite des déclarations faites par le gouvernement chinois lors du 20e Congrès national du Parti communiste en septembre dernier, une feuille de route des autorités a été publiée mi-février. Cette dernière définit des dispositions spécifiques pour assurer la « revitalisation » des territoires ruraux et accélérer le renforcement du secteur agricole chinois. De nouveau, la sécurité alimentaire est présentée comme une priorité absolue. Pour le secteur porcin, l’objectif est de stabiliser le cheptel autour de 41 millions de truies. Les autorités souhaitent renforcer les outils de surveillance du marché dans le but de limiter une volatilité trop importante des prix et des fluctuations en termes de production porcine, mais aussi de maintenir le revenu des éleveurs chinois.

Les performances et la productivité en élevage sont aussi au cœur des dispositions gouvernementales chinoise. Pour ce faire, la biosécurité est un autre enjeu mentionné dans les plans 2023 du gouvernement. Les autorités souhaitent renforcer la prévention et le contrôle des maladies animales, dont la fièvre porcine africaine. L’accent a aussi été mis sur le développement des technologies et de la recherche scientifique aux profits de l’agriculture. Ceci s’illustrera, entre autres, par la construction d’élevages sur étages modernes, standardisés, et contrôlant l’alimentation des animaux et les impacts sur l’environnement.

Ces quelques exemples ne sont qu’un court extrait de l’ambitieux plan 2023 du Ministère de l’Agriculture et des Affaires Rurales, et pour la première fois la production porcine était clairement évoquée, signe du rôle majeur du secteur dans l’économie et la politique de la Chine. Mais ce plan reste dépendant de la situation économique globale du pays, dont la croissance pourrait être perturbée par une éventuelle reprise de l’épidémie de Covid-19 ou encore une aggravation non prévue de l’inflation.

Les stocks nationaux chinois désorganisent les disponibilités mondiales

La Chine, avec 18% de la population mondiale et seulement 13% du territoire en terres arables en 2020, axe sa politique sur la sécurité alimentaire. Depuis 2003, la Chine est dépendante aux importations et ne peut plus répondre à sa consommation nationale. La situation s’est amplifiée dans les années 2010 suite au changement d’alimentation de la population. La part de protéines d’origine animale consommées a augmenté de 10% en 10 ans. Les importations se sont développées pour répondre à cette demande croissante, propulsant la Chine au rang de premier importateur mondial de produits agricoles en 2012. La Chine a accumulé près de 500 millions de tonnes de grains en 2022. Pour le blé, les stocks chinois représenteraient 20% de la consommation mondiale soit 54% des stocks de la planète. Pour le maïs, le stock chinois représenterait près 70% de la demande internationale. Les stocks mondiaux ont ainsi atteint un niveau record alors que les volumes détenus dans les principaux pays exportateurs sont inférieurs à ceux de la crise de 2008. Par sa politique intérieure axée sur la constitution de réserves alimentaires, la Chine diminue les quantités de matières premières disponibles et tend la situation du marché mondial.

La baisse des prix continue en février

Les prix du maïs et du tourteau de soja continuent leur baisse sur le marché national en février, 3,02 CNY/kg pour le maïs et 4,94 CNY/kg pour le tourteau de soja. La devise chinoise a changé de dynamique en février et se réévalue face au dollar américain, dopant les importations notamment en provenance de mer Noire. Outre Atlantique, les relations avec les États-Unis se sont encore refroidies à la suite de l’épisode des ballons. La Chine garde comme objectif de diminuer sa dépendance aux importations étasuniennes.

Le déficit commercial agricole chinois se creuse légèrement en 2022

Après 3 années pendant lesquelles le déficit commercial agricole et agroalimentaire s’est fortement creusé, l’année 2022 a marqué une pause. A 137 milliards de dollars, il ne s’est accru que de 2 milliards de dollars, mais constitue néanmoins un nouveau record. Pour la première fois depuis 2016, les exportations chinoise ont progressé plus vite en valeur (+17%) que les importations (+7%).

La relative faible hausse des importations en valeur s’explique par les moindres achats de céréales en volume (-20%/2021), notamment de maïs (-27%) et d’orge (-55%), comme en valeur (-3%), mais également de viandes (-2% en valeur) et de produits laitiers (-17% en valeur).

En produits laitiers, les replis d’importations en volume ont concerné tous les produits à l’exception du beurre et des laits infantiles.

Ces baisses n’ont cependant pas compensé les importations en hausse en valeur de soja (+15%) malgré une baisse volumes (-6%) et de la catégorie poissons et crustacés (+36% en valeur)

La pression sociétale commence à peser sur les modes d’élevage

Les modes de production des produits agricoles sont un des aspects les plus critiqués par les consommateurs chinois. Les réprobations concernaient surtout les conséquences sanitaires poussant divers secteurs de l’industrie alimentaire chinoise à se distancier des nombreux scandales liés à la sécurité et à la qualité et à prendre des mesures fortes.

Récemment, les initiatives se sont étendues à la production d’oeufs, qui continue d’avoir mauvaise réputation suite à divers alertes en matière de sécurité sanitaire notamment liées l’utilisation d’antibiotiques ; alors que la Chine est le 1er producteur mondial avec 40% des volumes. Ces problèmes ont entraîné une augmentation significative de l’intérêt des consommateurs pour les œufs produits en bâtiment sans cage dans le pays. Une étude de 2021 a révélé qu’environ 75 % des consommateurs chinois sont plus enclins à acheter auprès de marques qui utilisent des œufs sans cage, et 67 % pensent que les entreprises alimentaires doivent s’engager et respecter l’engagement de s’approvisionner uniquement en œufs sans cage.

Seuls 10 % de tous les œufs produits en Chine seraient des œufs produits sans cage, et 90 % d’entre eux proviendraient de petits producteurs élevés en plein air,

Selon les données de la société de conseil Lever China, plus de 80 entreprises du pays ont pris des engagements en matière d’œufs sans cage à respecter d’ici 2025, 2027 ou 2030, y compris de grands détaillants locaux comme CitySuper, ALDI et Metro et de grandes marques alimentaires comme Unilever, Mondelez et Nestlé.

Le plus gros problème réside dans la défiance de la grande majorité des détaillants, des entreprises de restauration et des multinationales en Chine vis-à-vis de l’authenticité de leurs fournisseurs d’œufs sans cage. Pour rassurer les acheteurs et les consommateurs, des normes et des certifications obligatoires pour pouvoir déclarer ses produits sans cage ont été élaborées fin 2021 pour les œufs produits sans cage, incitant davantage de producteurs d’œufs vers ce mode de production.

Ces initiatives sont soutenues par le gouvernement qui a publié un a publié un guide spécialisé sur la production d’œufs sans cage.

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